Jeanne réssuscite.

 

 

Pièce en 1 acte et 1 tableau en version wallonne carolo

 

De Camillia Mercier et Lorand Jean Pierre en 2001

 

Sabam n° 692-409-300

 

Traduite en français par Jacqueline Corbisier et Lorand Jean Pierre en 2019

 

 

 

Distribution : 4 H…4F

 

Joseph   Pinard                 le mari

Jeanne                              l’épouse

Elvire                               la voisine

Gaston                             un ami

Paula                                L’épouse de Gaston Dupré

Le docteur

Franz                               l’homme de l’agence

L’infirmière

 

 

 

Décor : Une salle à manger avec 3 portes : une vers la sortie, une vers la chambre, la troisième côté cuisine. Au levé du rideau, Joseph tapisse la pièce. Il a déjà placé deux ou trois bandes, un tapis au couleur vive, qui contraste avec l’ancien tapis plus classique. Les meubles sont dans un coin tout est désordre. Une planche à tapisser, seau de colle, échelle, etc….

 

SCENE 1…JOSEPH…DOCTEUR

 

Joseph : Voilà encore une bande de placée,  je pense que je vais faire appel à Gaston pour terminer, j’ai trop mal au dos. (Il recule pour regarder si la bande est bien placée.) Au moins cette fois le tapis sera celui que j’aurai choisi. Mon épouse va mourir, elle ne le verra quand même plus,  j’ai donc décidé d’aménager la maison à ma façon. Je n’ai jamais pu choisir quelque chose à mon goût, ni un meuble, ni un vase, ni le tapis. Enfin… je vais profiter de la vie, je ne lui veux pas de mal et que le Bon Dieu la protège ! Mais supporter une femme toute sa vie, c’est encore pis qu’un Tsunami. (Il veut préparer une nouvelle bande, mais on sonne, c’est le médecin) Ah, entrez docteur.

 

Docteur : Bonjour monsieur Pinard, et alors je vois qu’on a du cœur à l’ouvrage ! C’est fort voyant… cela flache en entrant.

 

Joseph : Vous savez…Si je devais perdre mon épouse, au moins il ferait propre pour quand la famille repassera après l’enterrement. Vous pouvez aller dans sa chambre, elle ne bouge quasi plus. Je me lave les mains et je viens vous rejoindre. (Le docteur va vers la chambre, Joseph se rince les mains dans un seau d’eau) Il fallait qu’il vienne m’interrompre celui-là, après tout il se débrouillera bien seul, on ne sait quand même plus rien faire pour elle, elle dépéri à vue d’œil. Je dois m’attendre à être un homme heureux, débarrassé de la tyrannie d’une épouse qui n’a fait que m’emmerder ! (Le médecin sort de la chambre ou Jeanne se trouve.)

 

Docteur : Monsieur Pinard, je n’irai par quatre chemins, elle est très malade, voir même moribonde… il faut vous attendre au pire et prendre courage... Je crains cette fois, qu’elle n’en ait plus pour très longtemps. Moi je ne sais plus rien faire pour elle, pauvre madame Jeanne, le temps lui est compté. Heureusement, avec les soins palliatif à domicile elle ne souffre plus, l’équipe médicale est au petit soin pour votre épouse, je le vois bien.

 

Joseph : Je fais tout mon possible pour qu’elle soit bien, je l’aime tant, mais depuis hier elle ne parle plus, à peine comprend ton ce qu’elle murmure, elle ouvre à peine les yeux. Pourtant dans l’espoir de la voir guérir, je place le dernier papier peint qu’elle avait choisi pour lui redonner le moral au cas où… Combien vous dois-je docteur ?

 

Docteur : 42 euros, il aurait été plus raisonnable de  la laisser aux soins palliatifs de l’hôpital, cela vous aurait soulagé !

 

Joseph : J’aime trop ma femme pour ça, je préfère l’avoir près de moi dans ses derniers moments, et puis elle veut mourir ici, dans sa maison. Je ne peux  aller à l’encontre de ses volontés. Ici il ne lui manque rien, elle est dorlotée, les infirmières du CPAS passent 3 fois par jours et c’est gratuit. Le reste du temps elle dort,  on ne peut donc pas dire qu’elle me fasse des soucis. Et puis ne dis-t-on pas lorsqu’on se marie : pour le meilleur et pour le pire !

 

Docteur : J’admire votre force de caractère, c’est la vie comme on le dit si bien. Courage… et à demain monsieur Pinard.

 

Joseph : A demain docteur, merci. (Le docteur est sorti, Joseph se frotte les mains. Pauvre Jeanne (Il prend son mouchoir), nous étions si bien tous les deux, cette veille charogne et moi.  La laisser en clinique allait encore me coûter combien ? Et puis le prix de l’essence… l’usure de ma voiture... le prix du parking…(Regarde l’heure) Ah oui,  je dois téléphoner à la banque pour voir si ses comptes ont bien été transférés sur le mien avant qu’ils ne soient bloqué, ça me ferai encore des frais inutiles. Et quand il s’agit d’héritage, l’état est aux l’aguets pour vous soutirer le maximum. Je vais laisser deux trois milliers d’euros sur le sien et j’ai déjà demandé le reste en liquide. Qu’on bloque son compte je m’en fou mais pas le mien. (Il prend son GSM) Allo l’agence Fortis, je voudrais parler à monsieur Grandjean, merci. Ah bonjour monsieur Jeangrand, oui oui excusez-moi Grand jean… ici c’est monsieur Pinard Joseph, avez-vous reçu les fonds que j’ai demandé la semaine dernière ? Oui, parfait, je viendrai tout à l’heure les chercher… d’accord et les comptes sont  en ordre, super sympa ! Oui c’était une question de vie ou de mort il fallait agir très vite, je vous remercie monsieur, a tantôt, oui je serai prudent. (On frappe à la porte). Bien entendu… il suffit que je doive me changer pour que l’on vienne me déranger. Qui cela peut-il être ? Je n’ai pas de temps à perdre moi.

 

SCÈNE 2 …JOSEPH…GASTON…ELVIRE

 

Gaston : Bonjour Joseph ! Tiens… tu tapisses ? Tu as de nouveaux gouts il me semble... Comment va Jeanne ce matin ? Paula passera tout à l’heure après avoir fini son nettoyage,  si tu as besoin de nous pour t’aider nous sommes là, n’hésite pas.

 

Joseph : Merci Gaston, mais jusqu’à présent je gère la situation. Jeanne, ça ne va pas plus mal, le docteur est passé il dit que sa santé s’améliore… que cela peut encore durer quelques semaines avant d’être remise sur pieds. Espérons que ce soit passager et quelle récupère bien vite. Avec les médicaments qui existent aujourd’hui,  on ne meure plus aussi facilement. Temps qu’il y a vie il y a de l’espoir ! Je croise les doigts.

 

Gaston : Elle qui a tant travaillé et spéculé pour mettre chaque euro de côté… elle  mérite plus que personne  de se retaper et d’en profiter.

 

Joseph : Je lui ai toujours dit qu’elle travaillait trop dur. Jamais de vacances, elle ne veut pas qu’on fasse de frais ni pour ci ni pour là. D’ailleurs j’ai un costume dans ma garde-robe qui a plus de vingt ans, il tient tout seul par habitude. Elle grappille sur tout, en disant : « On en profitera plus tard » Toute sa vie elle a coupé un euro pour en faire deux.

 

Gaston : Si elle venait à partir tu serais surement bien malheureux, tu verrais à quel point la solitude est terrible à supporter…

 

Joseph : Le docteur ne m’a jamais dit qu’elle allait mourir, tu me fais peur toi Gaston !

 

Gaston : Je peux aller lui faire un petit bonjour ?

 

Joseph : Oui…mais il n’y a pas longtemps que l’infirmière a fait sa piqûre, elle la fait toujours après sa toilette, alors elle dort certainement profondément, ne la dérangeons pas. Je voudrais terminer de tapisser pour lui faire une surprise, cela lui donnera un choc quand elle sera sur pied !

 

Gaston : Je n’en doute pas ! Tu ne trouves pas que les couleurs sont un peu…comment dire…trop vives ?

 

Joseph : Peut-être mais comme c’est elle qui a choisi, je ne veux pas la contrarier. Mais j’ai mal au dos… Marcelin va venir achever, il est jeune et ira plus vite que moi.

 

Gaston : Elle qui est si classique, c’est étonnant qu’elle ait choisi un tel tapis, faut croire qu’avec l’âge on change de goût.

 

Joseph : J’ai été le  premier surpris, je n’arrive toujours pas à comprendre son choix. Plutôt si, elle a dû trouvé ça sur une brocante à un bon prix, et radine comme elle est, elle aura plus vite regardé son porte-monnaie que la couleur du tapis.

 

Gaston : Si ça lui plais bien tant mieux, mais si tu paies Marcelin elle sera furieuse de dépenser de l’argent alors que tu pourrais le faire.

 

Joseph : Au diable l’avarice, je dois penser à mon dos aussi, je n’ai plus vingt ans non plus moi. Après tout si nous ne faisons pas de bruit je veux bien que tu la vois deux minutes, temps qu’elle dort elle n’a pas mal. (Ils vont dans la chambre, pendant ce temps arrive Elvire la voisine, avec une casserole de soupe. Comme elle ne voit personne elle regarde partout et reste en extase devant le tapis, quelle touche de ses mains.)

 

Elvire : Y-a-t-il quelqu’un ?  Mon Dieu quel tapis, qu’est ç’qui lui a pris de mettre une horreur pareille. Il se passe des choses louches ici… (Gaston et Joseph, reviennent)

 

Joseph : Tu vois comme elle dort bien !

 

Gaston : Tu penses que c’est si bon que ça ? A mon avis… (Il n’achève pas sa phrase apercevant Elvire)

 

Elvire : Bonjour Joseph et Gaston, et alors comment va Jeanne ?

 

Gaston : Bon je vous laisse, à plus tard. Salut Elvire !

 

Elvire : Ce n’est pas moi qui te chasse ?

 

Gaston : Non non…

 

Joseph : Au revoir Gaston à plus tard et merci de ta visite.

 

Elvire : Elle ne va pas plus mal j’espère ? En tout cas, si tu as besoin d’un service, tu sais que j’habite à côté, n’hésite surtout pas à  demander, je ne sais pas te le dire autrement ! Au fait, j’ai apporté une casserole de soupe. C’est la préférée de Jeanne, ça va lui donner des forces avec les petites boulettes de veau qu’il y a dedans, elle est encore chaude et il y a tous les légumes qu’il faut pour la remettre sur pieds.

 

Joseph : Oui, elle sera contente, surtout qu’elle retrouve de l’appétit depuis quelques jours. Regarde, elle m’a même demandé de retapisser le salon pour que cela fasse plus gai. Ça, c’est le tapis qu’elle avait choisi elle-même avant de tomber malade tu sais, elle voulait un grand changement, elle disait qu’il faisait trop sombre ici…je ne sais pas ce qui lui a pris, enfin c’est son goût et si cela peut lui faire plaisir !

 

Elvire : Ça pour être un changement… se sera réussi c’est certain ! Je peux aller lui dire un petit bonjour ?

 

Joseph : Oui, mais elle dort profondément avec sa piqûre. (Il ouvre la porte de la chambre, ils entrent et re-sorte aussi vite) Tu vois, je ne mens pas, elle dort à poings fermés.

 

Elvire : Excuse-moi Joseph, mais… tu penses qu’elle verra le tapis ? Elle me semble tellement changée en peu de temps !

 

Joseph : Mais non… les tentures sont à moitié fermées, alors il fait sombre et ça lui donne le teint grisâtre. Comme elle dort je n’ose pas les ouvrir, afin de ne pas la réveiller, mais tout à l’heure j’ouvrirai  la fenêtre pour aérer.

 

Elvire : Tu as raison, ça sent le renfermé. Pauvre Jeanne, n’oublie pas de lui donner mon potage, ça lui fera du bien. A plus tard…(Sort)

 

Joseph : (S’assied à table, prend une cuillère et boit la soupe, en lisant un journal de voyage) Tant qu’elle est chaude j’en profite, une mourante n’a plus besoin de soupe, et puis elle risquerait d’avaler de travers. (Feuilletant la revue) Voilà ce qu’il me faut… un voyage aux îles Canaries…départ du 1 au 15 du mois prochain, hôtel Tropicana Spa 5 *****, Nous sommes le 19 et le médecin a dit qu’elle vivrait maximum encore 7 à 8 jours, donc en principe ça devrait aller. Agence Intertour…place du manège…je vois où c’est, demain j’irai jusque-là, mais je vais d’abord m’assurer qu’il y a encore de la place (Il téléphone) Allo…l’agence de voyage ? Une petite question au sujet du voyage aux îles Canaries du 1 au 15, y a-t-il encore de la place à l’Hôtel Tropicana ? Oui c’est cela regardez…non…pour une personne…Je suis veuf …oui, alors c’est parfait demain je passe vous payez cela, c’est au nom de Léopold Mercier de Farciennes, rue St Anne 8. Au revoir…merci. Au téléphone il faut être prudent et ne jamais donner son vrai nom. On ne sait jamais... Pas mauvaise la soupe, de toutes façons, Jeanne ne saurai plus l’avaler, c’est à peine si elle sait encore avaler un verre d’eau. Je vais mettre le reste dans la cuisine …Voilà, encore un peu d’économie ! (En revenant il reprend le catalogue) Et bien à moi les vacances pour oublier mes peines. Ah ! J’allais oublier Marcelin (Il téléphone) Marcelin, ici c’est Joseph, bonjour, tu vas bien ? J’ai un service à te demander, j’ai commencé à tapisser mais ma sciatique me fait souffrir et je ne sais pas terminer. En te payant, pourrais-tu venir finir cela ? Tu es fort occupé ? Dimanche si tu veux, en te payant le double…bon de toute façon il faut que ça se fasse, merci, salut. Profiteur aussi celui-là, heureusement  c’est l’argent de Jeanne, que veux-tu… on ne part pas avec ses sous. Je vais déplacer l’échelle à l’entrée…là c’est bien…  et prendre la valise que j’ai remonté de la cave … (Il apparaît avec une valise pleine de poussière, il souffle dessus) Elle n’a quasiment jamais servi la pauvre, quand je l’aurai dépoussiérée elle sera comme neuve. Jeanne était tellement casanière et radine que nous sommes allés une seule fois en voyage et encore… C’était notre voyage de noce à Rimini. (Il frotte la valise, et s’adresse à elle) Tu es comme moi ma petite, tu as envie de voir du pays, rassure-toi…avec moi tu vas reprendre du service, nous allons rattraper le temps perdu et dans quelques jours on ne se quittera plus ! (On sonne, il planque vite la valise derrière le divan)

 

Elvire : Excuse-moi Joseph, mais j’ai encore de l’eau bénite de Lourdes, et j’ai pensé qu’on mouillerait bien les lèvres de Jeanne avec ou qu’on lui en ferait boire une gorgée, on ne sait jamais les miracles ça existe. Si tu le veux bien, j’aimerais allumer une bougie… Tu es d’accord ?

 

Joseph : D’accord, reste près d’elle si tu veux, met l’eau et la bougie sur la table de nuit. Comme tu es là, je vais vite faire une petite course, je ne traîne pas. Je dois aller chercher de la colle, il va m’en manquer. (Il met une veste sur sa salopette et sort)

 

SCÈNE 3… ELVIRE…PAULA

 

Elvire : (Allume la bougie, ouvre la porte de la chambre, Jeanne dort toujours et revient) Pauvre Jeanne elle dort, ça me fait de la peine de la voir ainsi, elle qui était si pétillante. L’infirmière n’aura qu’à essayer de lui faire avaler une gorgée avec sa soupe. (Elle fait le tour de la pièce) Quel horrible tapis tout de même, je ne comprends pas que Jeanne ait choisi cela. Tiens une valise…c’est bizarre je ne l’ai jamais vue, et toutes les photos de Jeanne ne sont retirées, oh…elle sont toutes dans cette caisse, il se passe des choses obscures ici... (On frappe) Ah ! C’est Paula, entre, Joseph est parti faire une petite course, alors je monte la garde.

 

Paula : Et alors et Jeanne ?

 

Elvire : Joseph me dit quelle va mieux, mais moi je ne là trouve pas bien du tout. (Ouvrant la porte de la chambre) Regarde…

 

Paula : Gaston m’a dit la même chose, il l’a trouvée plus mal que jamais. Il faudrait aérer la chambre de cette pauvre Jeanne, cela ressemble à une chambre mortuaire, il fait si sombre… ça me donne froid dans le dos.

 

Elvire : Ce qu’il y a de bizarre aussi… c’est cette valise qui est derrière le divan. Regarde !

 

Paula : Peut-être le médecin veut-il  l’hospitaliser ? C’est sans doute cela qu’il prépare sa valise !

 

Elvire : Je ne pense pas, puisque Joseph a commencé à tapisser. Il est convaincu de faire plaisir à Jeanne, et dit que la salle à manger sera plus gaie et plus lumineuse. Quand elle se réveillera, cela lui fera une agréable surprise, un choc et elle se sentira déjà mieux en voyant son tapis placé.

 

Paula : Un choc c’est certain. Mais…est-ce Jeanne qui a fait le choix de ce tapis ? J’en doute…

 

Elvire : Joseph soutient que c’est Jeanne qui a choisi le tapis avant de tomber malade.

 

Paula : Tu veux mon avis ? Il se passe de drôles de choses dans cette maison.

 

Elvire : Je le crois aussi, on ne tapisse pas une maison quand il y a une grande malade chez soi…et cette valise m’intrigue.

 

Paula : Moi je suis mon instinct, je vais ouvrir les tentures et la fenêtre de la chambre pour aérer, si Joseph revient il dira ce qu’il veut je m’en fiche ! (Sort un court instant[ml1] )

 

Elvire : Vas y toi,  j’ai mal à la voir comme ça. J’ai mis une bougie de Lourdes, et de l’eau miraculeuse sur la table de nuit. Si elle ne dormait pas je lui en ferais boire une gorgée, mais elle ne fait plus que ça, dormir…

 

Paula : Voilà…un peu d’air, parce que ouh là là, ça chlingue un peu ici. (Le téléphone sonne)

 

Elvire : Je décroche ?

 

Paula : Non, moi je ne répondrais pas, ils n’ont qu’à rappeler plus tard quand Joseph est là. On ne va tout de même pas se mêler de choses qui ne nous regardent pas... Tiens en parlant de sonnerie, il faut que je demande à mon Gaston de téléphoner à l’agence Intertour. Nous avons eu dans les publicités toutes boîtes un catalogue et il y a une promotion géniale sur un voyage aux îles Canaries le mois prochain. Nous rêvons depuis longtemps de visiter cet archipel-là, et pour une fois que Gaston est d’accord... Il a fallu que j’insiste car l’avion ce n’est pas fort son truc, mais pour nos trente ans de mariage il n’a pas su refuser, Et puis un peu de soleil me fera du bien.

 

Elvire : Profitez en bien surtout tant que vous êtes tous les deux, il faut si peu de chose pour que tout bascule. Quand on voit Jeanne là-bas sur son lit, elle qui a tant épargné. Enfin on le dirait encore jusque demain… nous ne savons rien y faire…A moins d’un miracle…

 

Paula : Bon voisine je me sauve, tu diras à Joseph que je repasserai plus tard.

 

Elvire : Salut ma grande, à plus tard. (Curieuse elle retourne vers la valise) ça me chiffonne cette valise ! (On frappe, elle va ouvrir) Monsieur !

 

SCÈNE 4 … ELVIRE…FRANZ

 

Franz : Bonjour, suis-je bien chez Léopold Mercier ?

 

Elvire : Non monsieur ce n’est pas ici. Ici c’est Joseph Pinard, il est sorti faire une course.

 

Franz : Pourtant le n°8 rue Ste Anne c’est bien ici ? C’est l’adresse qu’on m’a laissée au téléphone.

 

Elvire : Vous devez vous trompez  je pense. Je ne connais personne de ce nom dans la rue.

 

Franz : C’est bizarre… Une erreur ou un petit plaisantin sans doute. C’est bien ennuyeux toute fois, car ce monsieur avait téléphoné  à l’agence pour une réservation pour les îles Canaries, mais l’hôtel qu’il a choisi est déjà complet. C’est pour cela que je passais afin de lui en proposer un autre. Et ce monsieur Léopold Mercier en question m’a donné cette adresse précisément. Mais ce n’est pas grave, dans ce métier il y a souvent des revers.

 

Elvire : Ma voisine ma parlé de ce voyage aussi mais eux ils s’appellent Gaston et Paula Pieret.

 

Franz : Bon et bien excusez-moi encore du dérangement.

 

Elvire : Au revoir monsieur, je regrette pour vous. (Seule) C’est curieux le nom de la rue et ce numéro… Mais je ne connais aucun Léopold Mercier ! Ne serait-ce pas Paula et Gaston qui eux habitent au 18 ? Non, pas possible ils n’ont pas encore réservé.  (On frappe) Oh, le commerce va bien ici !

 

SCÈNE  5 …ELVIRE…PAULA…JOSEPH

 

Paula : Ah ! Elvire, Joseph n’est pas encore rentré,

 

Elvire : Pas encore, non.

 

Paula : C’est marrant, en nettoyant mon trottoir j’ai vu l’agent de voyage,  je lui ai demandé de passer à la maison avec les documents, comme ça Gaston n’aura pas besoin d’aller se fourrer en ville. Il m’a expliqué qu’il était ennuyé avec une blague d’un certain Léopold Mercier. Je lui ai dit que je ne connaissais pas ce nom-là dans notre rue. Ça te dit quelque chose à toi ?

 

Elvire : Je suis au courant, il sort d’ici au n°8. Après tout c’est son problème à lui ! (Joseph revient, un paquet à la main)

 

Joseph : Ah ! Vous êtes à deux, alors Jeanne ne risquait rien, elle était bien surveillée. Comment va-t-elle ? (Il regarde dans la chambre) Vous avez aéré ? Il faut faire attention qu’elle ne prenne pas froid.

 

Paula : C’est moi qui ai ouvert un peu la fenêtre, il lui faut un peu d’air frais tout de même ! Je vais faire mon souper, Elvire voudrait t’expliquer quelque chose.

 

Joseph : M’expliquer quoi ? (Paula sort)

 

Elvire : Et bien tu as eu de la visite, le monsieur de l’agence de voyage. Il est venu sonner ici en demandant est-ce bien ici chez monsieur Léopold Mercier ? C’est bien le n° 8 que j’ai dans mon dossier ! Ni Paula, ni moi, ne connaissons de Léopold Merci dans la rue. Toi tu connais peut-être ?

 

Joseph : L’imbécile. Moi non plus…  jamais entendu ce nom-là, c’est sûrement une erreur. En tout cas, un grand merci d’avoir surveillé Jeanne un petit moment. C’est très gentil, je le dirai à Jeanne tout à l’heure quand l’infirmière viendra lui faire ses soins.

 

SCÈNE 6 …JOSEPH…DOCTEUR

 

Joseph : (Ouvrant son paquet) Voilà j’ai sauvé ce que j’ai pu à la banque, j’irai les placer ailleurs après l’enterrement. Je vais mettre ça ici en attendant dans la boîte à biscuits…A propos il faudra bientôt que je m’occupe du cercueil aussi, alors tant que j’y pense je vais téléphoner à Ureel. Allo…je suis bien aux pompe funèbre Ureel, c’est pour un renseignement, oui…voilà ce qui se passe, mon épouse va mourir incessamment sous peu et je vais avoir besoin de vos services, oui…elle est très mal en point. Ma femme m’a toujours dit qu’elle ne voulait pas de grand frais pour ses obsèques, alors je me dois de suivre ses volontés. Comme son heure arrive …oui c’est ça je voudrais connaître le prix des cercueils, le moins chère possible puisque c’est pour une incinération. Donc inutile de brûler du bois très cher vous comprenez. Combien mesure-t-elle ? Je pense un mètre 68... 900 euros vous dites ! Si elle avait mesurer un mètre 65 c’était 850 euros. Tous les 5 centimètres c’est plus cher. Vous avez peut-être le moyen de la compresser un peu, elle a de grands orteils, en les croquants  un peu, ses os sont si fins, si fragiles qu’ils cassent comme du verre vous verrez. Cinquante euros c’est cinquante euros quand on est pensionné. De toute façon....

 

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