Li d’mèye doux.                 L’autiste.

 

Pièce en 1acte de Camillia Mercier et Lorand Jean-Pierre en wallon carolo.  27/03/2002

 

Traduit en français par Lorand Jean-Pierre et Corbisier Jacqueline. 2019

 

Revisitée par Jacqueline Corbisier.

 

Réadaptée en wallon carolo d'après la revisite de Jacqueline Corbisier, par Lorand Jean-Pierre

 

 

 

Personnages : 3h…4F

 

Léon Burny                            Le père

 

Charlotte                                La mère

 

Tony                                       Le fils (simplet)

 

Paul                                        L’oncle

 

Eva                                         L’épouse de Paul

 

Julia                                               La voisine

 

Jocelyne                                 Une amie       

 

 

 

Lever de rideau : Charlotte et Léon termine leur petit déjeuner, la maison est légèrement en désordre comme tous les matins. Leur fils Tony est un peu autiste et se met facilement en colère. Il va tomber amoureux et cela va bouleverser la quiétude de cette famille.

 

La question est : quand on est handicapé : A-t-on le droit à une vie comme tout le monde, d’être ou de se sentir comme tout le monde ? Cette pièce nous met devant un dilemme et pourtant….

 

                                                       Sabam : n° 704-698-400

 

 

 

SCENE 1… LEON…CHARLOTTE

 

 

 

Charlotte : Tu ne pars pas aujourd’hui chéri ? Je voudrais passer chez le médecin avec Tony, il a une éruption de boutons, je pense qu’il fait une grosse poussée d’acné.

 

Léon : Des boutons ? J’en ai aussi moi parfois des boutons, même des de manchettes et je ne vais pas chez le docteur pour ça !

 

Charlotte : Toi, tu es un peu trop vieux pour les crises d’acné. Mais lui ce n’est pas la même chose, pauvre chou il en a plein le visage, il faut faire quelque chose pour ce gamin. Je n’ose pas  faire venir le médecin ici, il y a trop de désordre dans la maison. En plus, la machine à laver  est en panne et il y a du linge partout, regarde le bordel qu’il y a ici, ça me rend dingue !

 

Léon : Pas besoin de le devenir, tu l’es déjà. Tu as téléphoné à Robert Daniel pour qu’il vienne la réparer ?

 

Charlotte : Oui, il m’a promis qu’il passerait aujourd’hui, c’est un homme sérieux lui… et avec lui je n’ai jamais eu de problème. Tu sais il a 78 ans, je le trouve encore bien courageux pour son âge et de plus, il ne laisse pas tomber ses anciens client. Tu te rends compte qu’on a toujours tout acheté chez lui depuis le début de notre mariage.

 

Léon : Bon, à peine levée et tu radotes déjà… tu lui remettras bien mon bonjour s’il vient… A son âge… on ne sait jamais...  Moi je m’en vais à tout à l’heure.

 

Charlotte : Quoi, déjà ? Tu vas encore me laisser toute seule naturellement, je dois m’occuper de tout dans cette maison. Il y a des jours ou j’en ai vraiment ras le bol.

 

Léon : Tu peux me dire ce que j’ai comme plaisir MOI dans cette baraque ? Une épouse qui se plaint, radote et grogne sans arrêt et de l’autre… le petit con débile qui n’a aucune conversation, ne veut pas écouter… Monsieur à des obsessions passagères et il faut faire tous ses caprices, ce n’est sûrement pas mon fils, il me casse les pieds !

 

Charlotte : Et comment que c’est ton fils, la même tête mais avec des boutons et je ne me plains pas comme tu le dis, mais ce qu’il y a, c’est que monsieur préfère aller au bistro jouer aux cartes avec ses amis, au lieu de s’occuper de nous. Cet enfant, notre enfant, a besoin de l’amour de ses deux parents. (Léon sort claquant la porte…Tony arrive) 

 

 

 

SCENE 2…CHARLOTTE…TONY

 

 

 

Charlotte : Qu’as-tu mon bonhomme, tu ne te sens pas bien ? Regarde ton petit-déjeuner est prêt.

 

Tony : J’ai si mal dormi maman… (Il s’étire).

 

Charlotte : Tu as l’air triste, quelle chose te chiffonne ?

 

Tony : Oui, je suis amoureux d’une fille et ça m’a trotté dans la tête toute la nuit. Mais elle…je ne comprends pas pourquoi, elle ne veut pas de moi, du moins pas tout le temps!

 

Charlotte : Ha ! Elle te l’a dit ?

 

Tony : Non non. Si tu voyais comme elle est belle maman et moi… je suis plein de boutons dans le visage, regarde !

 

Charlotte : C’est l’âge qui fait ça, tous les jeunes de ton âge on parfois des boutons. Cela s’appelle de l’acné, tu as la peau trop grasse mais avec le temps, ça s’arrangera. Et puis avec une peau grasse, on a moins de rides en vieillissant. Pourtant on a déjà essayé tant  de traitements, lotions, crèmes, vitamines… Tu sais combien de fois j’ai voulu t’accompagner chez le médecin ? Tu sais, notre médecin est également dermatologue. Mais toi, à chaque fois, tu refuses que je t’accompagne, alors que dois-je faire ?

 

Tony : Aujourd’hui je veux bien aller chez ton dermato…tologue, mais tout seul ! (Il mange durant la conversation)

 

Charlotte : Pourquoi veux-tu y aller seul ?

 

Tony : Parce que je suis grand assez pour y aller seul, voilà tout.

 

Charlotte : Mais enfin c’est toujours mieux qu’une maman accompagne son enfant, non ? (Tony frappe sur la table)

 

Tony : Fiche-moi la paix, j’irai seul ou bien je n’irai pas.

 

Charlotte : Ne t’énerve pas  mon fils, je t’accompagnerai jusqu’au coin de la rue, après il te restera cinquante mètre à faire.

 

Tony : Non ! Je suis grand assez pour prendre mes décisions et marcher tout seul.

 

Charlotte : Voilà que monsieur se prend tout à coup pour un homme. Quand tu auras fini de manger tes tartines, tu iras te laver monsieur l’hommelet !

 

Tony : (Se fâche) Regarde il n’y a presque plus de choco, il faut en racheter.

 

Charlotte : Je vais le noter sur ma liste de courses, sinon je vais l’oublier. (Elle va vers le meuble et le note dans son carnet) Voilà c’est noté.

 

Tony : Je dois prendre une douche ? Je veux que tu m’achètes l’eau de toilette « Sex and Sand ».

 

Charlotte : Oui tu dois prendre une douche et oui quand tu auras dit : S’il te plait… Et lave-toi bien dans les coins si tu vas chez le médecin aujourd’hui.

 

Tony : Je ne suis pas idiot tout de même, je sais bien que je n’ai pas de coin. (Il sort)

 

Charlotte : Le voilà ado, je sens que je vais en baver encore un temps certain... Je vais appeler le docteur Skalenborg (Prend son GSM et regarde son numéro) Ah le voilà…Allo je suis bien chez le docteur…ah oui je reconnais votre voix. C’est madame Burny ici…voilà  je vous téléphone au sujet de mon fils Tony… oui c’est cela…et bien, il une éruption de boutons dans le visage et veut absolument venir vous voir tout seul. Je n’ose pas le contrarier vous l’avez déjà vu en état de crise. Essayer de lui trouver un remède, car  ça l’obsède au plus haut point…c’est l’âge ? Je m’en doute bien docteur… La puberté… et bien ça promet ! En plus il m’a dit qu’il était amoureux, vous vous imaginez dans quel état je suis. Je peux vous retéléphoner plus tard pour savoir quoi ? À moi il ne me dira pas tout j’en suis certaine … Je peux l’envoyer à votre consultation maintenant ? D’accord je le lui dis tout de suite, merci docteur à plus tard. (Raccroche et s’assoit). Son père aurait pu l’accompagner lui ! Mais non… monsieur Léon et ses copains çaaaa c’est la priorité, il sait que son fils est un peu autiste mais il s’en fou, quel malheur d’avoir un tel mari... Avec tout cela, je viens à peine de débarrasser la table et je dois déjà penser à ce que je vais préparer pour le diner. Nous les femmes, on doit se casser la tête pour tout, je n’en peux plus. Qui plus est, personne ne te dis ce qu’il a envie de manger et faut-il encore que le repas plaise à ses messieurs ou bien ils te font la gueule. (Ouvre la porte de la salle de bain) Tu es prêt Tony, le docteur a dit que tu pouvais aller à la consultation de ce matin !

 

Tony : (Passe la tête) Voilà j’arrive, il n’y a rien qui brûle et il n’y a pas le feu au lac, juste deux minutes encore, je mets l’eau de toilette de papa.

 

Charlotte : Ne te trompe pas avec l’Arpic…Le médecin m’a dit que tu pouvais y aller tout de suite, il y a peu de monde dans la salle d’attente. Met une cravate et peigne-toi comme il faut.

 

Tony : (Arrive, une cravate à la main) Je ne vais tout de même pas à un mariage m’enfin...

 

Charlotte : Je ne veux pas que tu y ailles débraillé non plus. Et comme tu ne veux pas que je t’accompagne, je veux que tu sois présentable. Ne va pas te perdre en route et surtout et ne traine pas en chemin.

 

Tony : Je ne suis plus un gamin  maman, regarde j’ai des poils qui me poussent au menton. Il y a seize ans que je connais chaque maisons et chaque briques de cette rue, où veux-tu que je me perde ?

 

Charlotte : Met ta doudoune il ne fait pas chaud. Tiens prends mon porte-monnaie, il y a cinquante euros dedans, ne les perds pas.

 

Tony : Oh là là que tu es chiante maman…A tantôt et ne stress pas comme cela, je ne suis plus un bébé. (Charlotte se met sur le pas de porte et le regarde partir)

 

Charlotte : J’ai tellement peur qui lui arrive quelque chose, je m’en voudrais à mort. (Le GSM sonne) Tiens qui ça peut-être… allo oui c’est bien moi Charlotte… et vous qui êtes-vous ? Jocelyne ! l’infirmière Jocelyne ? Ah bien ça alors, après autant de temps… oui au moins 20 ans… et tu es revenue en Belgique, tu es mariée et tu as  3 enfants, et bien tu n’as pas chômé ma fille. Moi aussi je suis mariée mais j’ai énormément de problème pour l’instant, écoute viens me dire bonjour, nous pourrons discuter plus facilement. Comment as-tu eu mon numéro de téléphone ? Chez Paula, le magasin où nous allions dans notre jeunesse, c’est vrai que nous sommes restées en contact, écoute j’habite rue Ste Anne au numéro 97, tu viens, ok je t’attends. (On frappe à la porte) On frappe à la porte excuse-moi, j’ai hâte de te revoir, c’est ça bisous Jocelyne. Ah bien si je m’attendais à cela. (Va ouvrir la porte) Ah ! Paul, entre…

 

 

 

SCENE 3…CHARLOTTE…PAUL

 

 

 

Paul : Tiens ton rejeton n’est pas avec toi ?

 

Charlotte : Non Paul, il a voulu aller seul chez le médecin, et Dieu sait que pour l’avoir chez un médecin il faut un bazouka. Mais aujourd’hui,  monsieur Tony a décidé d’y aller seul, sans sa maman. Le plus drôle c’est qu’il m’a dit être amoureux mais, je ne sais pas trop de qui. Par contre quelqu’un  lui a mis dans la tête que ses boutons étaient laids et depuis il fait une fixation. Donc, tu vois le cinéma ! J’ai insisté pour aller avec lui mais il devenait enragé, et j’ai toujours peur qu’il ne me fasse encore une de ses crises de folie. De qui pourrait-il être tombé amoureux celui-là ? Paul  ne sort jamais sans moi, il a dû  se créer une histoire d’amour dans la tête.

 

Paul : Je te plains sœurette, c’est ton mari qui devrait s’occuper de lui pour toutes ses choses. 

 

Charlotte : Ça ne risque pas, tout ce qui l’intéresse, c’est de jouer aux cartes, il ne rentre que pour manger et dormir. Il dit que c’est de ma faute si nous avons un enfant handicapé, que l’hérédité vient  de ma famille. Et il a ajouté : à l’époque déjà, il te manquait un chromosome.

 

Paul : Qu’il se regarde d’abord l’imbécile, à lui… il en  manque sûrement quatre des cases…Franchement, il ne faut pas être normal pour ne pas s’occuper de son enfant, surtout quand il a un léger handicap. C’est triste de voir un père pareil, le petit n’en peut rien !

 

Charlotte : C’est vrai pauvre gamin. Maintenant qu’il est pubère, voilà un autre problème qui arrive… il est amoureux d’une très jolie fille dit-il, je me demande qui elle peut-être ?

 

Paul : Est-ce qu’il comprend au moins le sens du mot amoureux ? Il a un cœur comme tout le monde bien sûr, mais… il ne se rend sans doute pas compte de sa légère différence et c’est peut-être mieux pour lui, il vient d’avoir seize ans et tu pourrais voir pointer à l’horizon des problèmes bien différents, comme sa sexualité par exemple…

 

Charlotte : Oh non, pas cela.  Par chance,  j’ai un frère et sa femme qui me soutiennent, vous êtes si gentils tous les deux pour Tony, c’est difficile tu sais d’être toute seule pour s’occuper de tout. J’ai déjà tellement souffert de cette situation. Quand il est à l’institut protégé je suis plus relax, mais quand les vacances arrivent et qu’il reste ici toute la journée, je me rends compte qu’il change au fur et à mesure des années… mais tu sais, pour moi c’est toujours mon petit garçon.

 

Paul : Je sais ce que tu subis sœurette, mais Eva et moi on vous aime très fort, nous serons toujours là pour toi et Tony. (On frappe)

 

 

 

SCENE  4… CHARLOTTE…PAUL…EVA

 

 

 

Charlotte : Bonjour, entre ma belle-sœur unique et préférée!

 

Eva : Bonjour Charlotte. Tiens voilà mon mari…(Embrassade)

 

Paul : Tiens voilà ma tendre épouse, comment ce fait-il que tu sois là ?

 

Eva : J’avais envie de venir voir Tony et prendre de ses nouvelles. Comment va-t-il ?

 

Charlotte : Justement nous parlions de lui avec Paul.

 

Eva : Pas en mal j’espère,  je l’adore moi ce petit, enfin il n’est plus si petit que ça...

 

Charlotte : Oui, les années passent vite et d’autres soucis arrivent, je disais à Paul qu’heureusement je vous avais tous les deux pour me donner du courage, j’ai vraiment de la chance de vous avoir à mes côtés.

 

Eva : Tony est ici ?

 

Paul : Il a voulu aller seul chez le docteur et Charlotte se fait du souci, il n’a pas prétendu qu’elle l’accompagne.

 

Eva : Je me souviens qu’un jour il ne voulait pas écouter sa mère dans la rue, il a fait une de ses crises… un voisin a dû venir au secours de Charlotte. Par moment, on se demande ce qui lui passe par la tête, pauvre petit chou, il ne s’en rend pas compte sans doute.

 

Paul : Tu savais que j’étais ici ?

 

Eva : Mais non,  Jules était à la banque et m’a dit t’avoir rencontré en chemin, tu lui as dit que tu venais chez ta sœur. Si j’ai bien compris Charlotte, tu as encore des soucis avec Tony ?

 

Charlotte : Eh oui, il a décidé de décider tout seul maintenant monsieur, et si on ne fait pas ce qu’il veut il devient colérique. Il a le syndrome d’Aspergé ou un peu autiste que veux-tu, ce n’est pas de sa faute, c’est comme ça. Et tiens-toi bien, il m’a appris qu’il était amoureux.

 

Paul : Tu es certaine qu’il est bien chez le médecin ? Car s’il fait une obsession sur cette fille, on n’est pas sortis de l’auberge. 

 

Charlotte : Bien sûr que oui. Le temps qu’il s’éloigne, je suis restée sur le pas de la porte, ensuite je l’ai suivi jusqu’au coin, il prenait la bonne direction il lui restait 100 mètres à faire jusqu’à l’entrée du cabinet.

 

Paul : J’ai une petite crainte…Je vais me dépêcher de boire mon café et ensuite j’irai voir s’il est bien chez le médecin. Je ferai semblant d’avoir rendez-vous aussi.

 

Charlotte : Merci frérot, peut-être t’écoutera-t-il toi. (Elle sert le café, Eva donne un coup de main) Ce qu’il y a de fou c’est que ça ne l’empêche pas d’être super intelligent.

 

Paul : Rien de tel qu’une bonne tasse de café le matin. Je serai plus tranquille quand je serai certain que le loustic est bien chez le médecin, je veux en avoir le cœur net. À tantôt les nanas je vais faire mon enquête. (Il sort)

 

Eva : Allez Charlotte bois ton café ça te fera du bien,  tu as mauvaise mine ce matin, tu ne dois pas te mettre dans des états pareils, il est grand Tony maintenant et c’est normal,  il  change que veux-tu…

 

Charlotte : (En buvant son café) Si tu savais comme mon cœur est triste, il me semble toujours qu’une catastrophe va lui arriver quand je ne suis pas avec lui.

 

Eva : Allez Charlotte ne te mets pas martel en tête. Je me suis toujours demandée quel sort c’était acharné sur toi, alors que pourtant, vous êtes bien normaux toi et ton mari.

 

Charlotte : Tu penses que son père est bien du cerveau toi ? Il a peut-être l’eau et le gaz dans le cerveau… mais pas à tous les étages. Il n’est jamais là,  ne s’occupe de rien et surement pas du petit. C’est lui le mauvais sort qu’on m’a jeté. Pourtant, je prie tous les jours pour supporter mon calvaire.

 

Eva : Avoir un enfant c’est un cadeau du Bon Dieu et il faut l’accepter tel qu’il est et l’aimer  plus fort encore que les autres. (On frappe, c’est une voisine…genre un peu curieuse)

 

 

 

SCENE 5…CHARLOTTE…EVA…JULIA

 

Julia : Bonjour à vous deux,  quoi de neuf par-ci ?

 

Charlotte : Entre Julia, nous buvons le café, tu en veux une tasse ?

 

Eva : Bonjour Julia.

 

Julia : Je suis allée faire des courses sur la place et j’ai vu Tony devant chez le médecin, il va bien j’espère ?

 

Charlotte : Tiens voilà une tasse de café, le sucre et le lait sont sur la table. Oui il va bien, il a juste quelques boutons sur la figure et ça l’obnubile. Il a voulu y aller seul voilà tout.

 

Julia : Ça m’a semblé bizarre que tu ne sois pas avec lui,  j’ai eu peur qu’il ne te soit arrivé quelque chose, alors je suis vite passée voir si tu allais bien. On n’a pas l’habitude de le voir seul.

 

Charlotte : pour ne rien te cacher, je ne fais rien de bon depuis qu’il est parti, mais tu le connais quand on le contrarie, il pique des colères.

 

Julia : J’ai eu des échos qu’à l’école aussi, parfois il piquait des crises avec la maîtresse.  Elle m’a dit en avoir peur par moment, mais comme il est premier de classe…

 

Charlotte : C’est un très bon garçon, mais il ne supporte pas d’être contrarié et a beaucoup de mal à se faire des amis.

 

Léontine : Je te plains Charlotte, tu as vraiment des soucis à te faire, pourquoi n’envisages-tu pas de le mettre dans un internat spécialisé ? Le week-end il reviendrait à la maison…et cela te laisserait du temps pour souffler en semaine…tu ne vas jamais tenir le coup comme ça.

 

Charlotte : (Pas contente d’entendre cela) Il t’a déjà fait quelque chose à toi mon fils ?

 

Julia : À moi non, mais s’il devenait trop méchant tu devrais peut-être l’envisager, je dis ça je ne dis rien on ne fait que parler.

 

Charlotte : Julia, personnellement je ne pourrais pas placer mon gamin, je penserais à chaque minutes qu’on pourrait lui faire du mal, se moquer de lui, le frapper peut-être. Savoir qu’il serait malheureux et que je ne sois pas à ses côtés… j’en mourrais. Tu n’as pas d’enfant toi Julia alors tu ne peux me comprendre.

 

Julia : C’est vrai, mais dans ton couple, tu es la seule à te sacrifier, ton mari lui il s’en fou comme de l’an quarante.

 

Charlotte : Là-dessus tu as raison, mais moi j’assume mon rôle de mère. Mon fils pourrait être n’importe comment, il est mes deux yeux. Son père ce n’est jamais qu’un étranger en quelque sorte, mais Tony, mon fils… c’est mon sang !

 

Eva : Eh, mais nous sommes là aussi pour lui si tu ne le sais pas Julia !

 

Julia : Oui je le sais, vous êtes de braves gens. Aller, je m’en vais et courage Charlotte, si tu as besoin de moi n’hésite pas à m’appeler j’habite en face. (Elle sort, Charlotte essuie ses yeux et se remet à table visiblement abattue)

 

Eva : Ne pleure pas ainsi Charlotte, nous sommes avec toi tu le sais, bois un peu de café et ressaisis-toi !

 

Charlotte : C’est cette sotte-là qui est venue m’énerver avec son idée de placer mon fils, ça jamais ! (Paul revient en vitesse)

 

 

 

SCENE 6…EVA…CHARLOTTE…PAUL…LEONIE

 

 

 

Eva : (Se lève sur le coup) Quelque chose ne va pas ?

 

Charlotte : Tony, Tony, il n’est pas avec toi ?

 

Paul : Non et il n’est plus chez le docteur non plus, le docteur m’a dit qu’il l’avait reçu dès son arrivée et que cela faisait un moment qu’il était sorti.

 

Charlotte : Mon Dieu il n’est pas rentré où est-il alors ? J’espère qu’il ne s’est pas perdu.

 

Eva : Allez calme-toi !

 

Charlotte : Tu as pu discuter avec le médecin ? Qu’est c’qui l’a dit ?

 

Paul : Ce n’est rien de grave c’est de l’acné juvénile, ça va passer. Il a prescrit une ou deux choses pour désinfecter. Tony a expliqué au docteur qu’il était amoureux.  Ah oui, le docteur m’a dit maintenant que ça me revient : « il faudra commencer à le surveiller de près »

 

Eva : Où est-il parti ce chenapan ?

 

Charlotte : Je sentais bien qui allait arriver quelque chose si je n’étais pas avec lui. Il est amoureux et je me demande bien de qui, je ne le quitte quasiment jamais, il aura sûrement regardé un film à la télé et il se sera mis cela dans la tête. Ou alors, ce serait à l’institut qu’il aurait rencontré quelqu’un ? Pourtant ils sont surveillés à l’école… c’est ça, le fameux rêve qu’il fait, une fille lui fait tourner la tête. (On frappe)

 

Eva : Reste assise je vais ouvrir !

 

Julia : Excuse-moi de revenir encore… mais je viens te mettre au courant,  ma sœur vient de me dire qu’en arrivant chez moi en bus, elle a vu Tony sur un manège il y a une demi-heure environ. Tu sais le bus stationne deux minutes sur la place et elle a eu le temps de voir que c’était bien Tony mais il n’était pas seul, il était avec une jeune fille et il avait l’air d’avoir beaucoup de plaisir.

 

Charlotte : QUOI ?

 

Paul : Quelle genre de fille ?

 

Julia : D’après ma sœur, mini-jupe et bottes de cuir, maquillée comme une voiture volée, de grandes boucles d’oreilles, des cheveux bleu et rouge… un vrai folklore parait-il. Bon je ne traine plus car ma sœur part en vacances, elle n’a pas le temps de rester longtemps chez moi. A plus tard.

 

Eva : Merci Julia à plus tard aussi. Bon ! Je vais aller sur la place moi-même et s’il ne veut pas revenir avec moi, je vous appellerai en renfort.

 

Paul : Non non, c’est moi qui y vais,  avec moi il sait qu’il ne doit pas faire le mariole. Avait-il beaucoup d’argent sur lui ?

 

Charlotte : Je lui ai donné 50 euros pour aller chez le médecin, je n’avais plus de monnaie, il est tiers-payants, il doit lui rester  40 euros environ. C’est pas possible…

 

Paul : Les amis cette fois ça devient sérieux, j’y vais de ce pas et s’il est tombé sur une fille un peu maligne elle va lui pomper son argent c’est sûr, elle va l’ensorceler.

 

Eva : Sûrement une dépravée qui joue avec ses pieds et lui fait tourner la tête, elle doit bien se rendre compte qu’il est un peu différent, et veut s’en doute le  mettre comme trophée sur son tableau de chasse.

 

Charlotte : Et Tony sera tombé dans le panneau, c’est encore plus vrai que je m’appelle Charlotte. Il est ce qu’il est mais il n’est pas fou quand même.

 

Paul : Bon j’y vais ! (Il sort)

 

Eva : Paul est très diplomate avec lui, il s’aura le ramener à la raison, et puis à 16 ans…on n’a beau dire, lui comme les autres ça le chatouille de quelque part, il faut que jeunesse se passe.

 

Charlotte : jamais je n’aurais pensé à cela, mon petit Tony qui devient un homme. Il faudra que je sois très attentive à ça !

 

Eva : C’est son père qui devrait instruire son fils dans ce domaine-là.  Mais ? (On frappe)

 

 

 

SCENE 7…JOCELYNE…CHARLOTTE…EVA

 

 

 

Charlotte : Je vais ouvrir…Bonjour madame c’est pourquoi ?

 

Jocelyne : Charlotte tu ne me reconnais pas, j’ai changé à ce point ?

 

Charlotte : À ta voix tu dois être Jocelyne. Entre je ne m’attendais pas à te voir si vite, tu es partie depuis si longtemps en Australie.

 

Jocelyne : Je suis revenue il y a quelques semaines revoir ma famille et les amis qu’il me reste. Mais je vois que tu as de la visite je repasserai une autre fois !

 

Charlotte : Non reste, c’est Eva ma belle-sœur, tu ne la connais pas encore. Tu vois Paul a fini par se marier.

 

Jocelyne : Eh bien, en voilà une nouvelle, enchantée madame. Je suis partie depuis plus ou moins 20 ans, il y a la moitié des gens que je ne connais plus ou qui ne me reconnaissent plus.

 

Charlotte : Allez assieds-toi nous allons prendre une tasse de café. Je suis contente de te revoir tu ne peux pas savoir.

 

Jocelyne : J’ai peu de temps aujourd’hui, je viens à peine de rentrer et j’ai une masse de choses à faire, mais je te promets de revenir, je n’étais pas loin d’ici alors j’en ai profité.

 

Charlotte : Turlututu, tu restes le temps de boire un café. Tu as vraiment l’air d’être en pleine forme !

 

Jocelyne : Toi par contre, tu m’a l’air bien énervée !

 

Charlotte : Oui un peu en effet. Pour ne rien te cacher, j’ai des problèmes avec Tony, il a seize ans maintenant et devient un jeune homme… je ne sais plus en faire ce que je veux. Tu sais, il a un petit handicap… il a peut-être 16 ans mais il est légèrement autiste je ne sais plus que faire, souvent  quand j’essaie de parler avec lui,  je me heurte à un mur.

 

Jocelyne : J’imagine… en effet, ce n’est vraiment pas de chance pour toi. Il gentil au moins?

 

Charlotte : Très gentil, mais très têtu aussi. De temps en temps, il fait de petites crises de nerfs quand on le contrarie, mais je ne peux pas le laisser faire tout et n’importe quoi non plus. Depuis peu il s’est amouraché d’une fille, tu verrais dans quel état elle l’a mis… Le pire,  c’est sûrement le genre de fille à vouloir jouer avec ses pieds. D’ailleurs mon beau-frère est parti à sa  recherche. Tony avait exigé d’aller seul chez le médecin et devait rentrer après la visite mais… il s’est perdu en route et en a profité pour s’évader à la foire. Très certainement pour retrouver cette…cette je ne sais pas quoi.

 

Jocelyne : Je suis triste pour toi Charlotte, ne te met pas dans un tel état ça va s’arranger.

 

Eva : Comment est ta vie en Australie ?

 

Jocelyne : Mon mari est ingénieur agronome, nous avons eu l’occasion de partir pour un projet il y a près de 20 ans et en finale, nous sommes restés là-bas. On s’habitue et puis des enfants arrivent, ils vont à l’école… nous avons une fille de 18 ans déjà et un fils de 14 ans.

 

Charlotte : Ils ne sont pas revenus avec toi ?

 

Jocelyne : Si si, mais ils sont partis avec leur père et leurs grands-parents dans un parc d’attraction du côté de Wavre. Moi je n’aime pas du tout cela, j’en profite pour revoir mes amies ça fait si longtemps.

 

Eva : Vous loger où ?

 

Jocelyne : Chez les parents de mon mari, ils habitent Wauthier-Braine à la campagne, c’est un coin merveilleux et pas loin de Bruxelles. Nous tacherons de passer tous ensemble avant de repartir pour que tu rencontres mes enfants.

 

Charlotte : Ecoute, la semaine prochaine c’est la cavalcade à Charleroi,  arrange toi pour venir je ferai de bonnes tartes à l’ancienne pour tout le monde, et puis Tony sera content d’avoir de nouveaux amis. Ça lui changera les idées, enfin…j’espère.

 

Jocelyne : Donne-moi ton numéro de Gsm je te téléphonerai pour confirmer cela. Bon je vous laisse cette fois et j’espère que tout s’arrangera avec ton fils. A la semaine prochaine sans doute. (Charlotte lui donne une carte de visite… Tiens) Merci comme ça, j’ai ton numéro. Au revoir. (Sort)

 

 

 

SCENE …8…EVA…CHARLOTTE…PAUL…TONY

 

Eva : Je demande si Paul a retrouvé le petit ? Ce serait dramatique qu’il tombe amoureux et qu’après elle le laisse tomber, je ne veux même pas imaginer à quel point il serait malheureux.

 

Charlotte : C’est plus que vrai, qu’on le voit avec des jeunes filles c’est normal, c’est de son âge… mais avec lui, ce sont les suites auxquelles il faut penser. Je ne m’imaginais pas que les années passeraient si vite et qu’avec sa maladie mentale cela aurait pu arriver. Et puis il n’est pas questions qu’il vienne avec une fille ici, même son père ne le supporterait pas !

 

Eva : Je m’inquiète aussi, mais n’en faisons pas en drame insurmontable. C’est certain vu son handicap que certaines filles mal intentionnées pourrait en profiter. Il pourrait aussi très bien, tomber sur une avec du cœur et de la compassion. C’est peut-être aussi une charmante jeune fille  qui veut lui donner un peu d’amitié. Les perles rares se trouvent parfois.

 

Charlotte : Moi tant que je ne le vois pas rentrer avec Paul, je ne suis pas tranquille.

 

Eva : Je connais Paul il va le ramener tu vas voir.

 

Charlotte : Heureusement que mon frère est là pour me soutenir, je peux toujours compter sur lui ce n’est pas comme Léon.

 

Eva : C’est vrai, tu es la bonne marmite mais, tu n’es pas tombée sur le bon couvercle.

 

Charlotte : Et tu verras quand monsieur rentrera il dira que tout cela est encore ma faute.

 

Eva : (Prends Charlotte dans ses bras) Allez calme-toi Paul va le retrouver, prends un calmant et assied-toi dans le fauteuil. (Paul arrive et entre avec Tony)

 

Charlotte : Tony !... (Saute à son cou et l’embrasse) Pourquoi n’es-tu pas rentré tout de suite pour m’expliquer ce que le médecin t’avais dit, je m’inquiétais comme une folle pour toi…Mais… on dirait que tu sens le péquet…tu as bu ? Ce n’est pas bon pour toi ça mon fils !

 

Tony : (Est gêné et tout bizarre, il part en courant dans sa chambre)

 

Paul : Laisse-le aller qu’il se repose un peu, ne le brusque pas,  il a été assez secoué  aujourd’hui… une journée pleine d’expérimentations pour ce gamin.

 

Charlotte : Pourquoi ? Et moi alors !

 

Paul : Pourquoi ? Tu demandes pourquoi Charlotte ? Hé bien…la fille en question l’a entraîné dans sa chambre.

 

Charlotte : (En avale sa chique) Quoi ? Et comment l’as-tu trouvé alors ?

 

Paul : C’est la vieille Céline…Céline Québrant…mais oui la femme de l’ancien garde champêtre, elle m’a expliqué avoir vu la fille en question, et cette fille a très mauvaise réputation dans son quartier, elle était au bras de Tony. Céline a vu  cette garce entrainer Tony dans la ruelle du Sureau, tu sais, celle qui conduit derrière l’ancien café Belloni.

 

Eva : Où est-ce ?

 

Paul : C’est l’ancienne cantine italienne qui était près du charbonnage de Sainte Pauline. Tu ne sais pas le pire,  il paraît que cette fille à au moins 20 ans.

 

Charlotte : Et les parents de cette fille trouve cela normal qu’elle ramène des gamins dans sa chambre pour les dépuceler ?

 

 

 

La suite vous intéresse... Contactez-nous 

 

Lorand Jean Pierre, avenue des Allés 6/5 à 6000 Charleroi

 

Tél : 0498275407    Courriel : jeanplorand@gmail.com

 

Jacqueline Corbisier, clos de la Musique 10 à 1440 Wauthier-braine

 

 Courriel : jacquelinecorbisier@skynet.be