LE FANTÔME

 

Pièce en 1 acte et 1 tableau de Camillia Mercier et Lorand Jean-Pierre. Date de création le 26/10/2001

 

Revisitée par Jacqueline Corbisier en 2019 et Traduite  en français par Jacqueline Corbisier et Lorand Jean-Pierre,

 

Réactualisée en wallon carolo, d’après la nouvelle version française en 2019 par Lorand Jean-Pierre

 

 

 

Distributions : 5H…4F

 

Jean                     Le mari

 

Sophie                La femme

 

Rosine                La fille

 

José                     Le fils benjamin

 

Victor                 Le fils ainé

 

Jacques               Le fiancé de Rosine

 

Mamy                 La Grand-mère

 

Alice          Epouse de Victor…figurante

 

Marie-Ange        Fille de Victor et Alice

 

Le curé

 

                                                                  Sabam n° 685838000

 

                                              

 

Décor : Une salle à manger, prévoir une porte dans le fond, une côté cour et une côté jardin. La table pour le petit déjeuner est dressée.

 

 

 

Des choses disparaissent de temps en temps dans la maison, laissant le doute planer sur tous les membres de la famille.  Chacun accuse l’autre et il y a de quoi. 

 

La grand-mère est impotente et sourde quand elle le veut... elle, ne fait pas partie des suspects.

 

 

 

SCENE 1…JEAN…SOPHIE

 

 

 

Jean : (Viens de la chambre) Personne n’est encore levé dans cette maison ! Certainement trop fatigués d’avoir trop dansé  jusqu’aux petites heures.

 

Sophie : (Arrive  mais de la cuisine) Ah ! Tu es là Jean.  Pas trop fatigué toi à ce que je vois.

 

Jean : Je ne t’ai pas entendu te lever, depuis qu’on a  des lits jumeaux, on a le sommeil moins perturbé. A mon réveil j’ai cru entendre que tu étais sous la douche. Comme tes cheveux ne sont pas mouillés, j’ai dû me tromper. Au fait, tu pas réveillée cette nuit ? j’ai entendu du bruit à deux reprises. J’ai même failli me lever !

 

Sophie : Non, tu as encore du rêver… Moi, j’ai à peine regardé l’oreiller et je me suis écroulée, je n’ai rien entendu du tout.

 

Jean : Sans doute Mamy alors. Elle a très difficile pour aller jusqu’aux toilettes toute seule. Il faudra trouver une solution pour elle.

 

Sophie : Un pot sur roulettes peut-être ? En tous cas, ce ne sont pas les enfants que tu as entendu, leur chambre est au fond du couloir et ils ont leur propre salle de bain et commodités.

 

Jean : C’est juste. Je me demande encore pourquoi tu as voulu des lits séparés. Tu ne m’aimes plus ? Pour mon anniversaire…c’est une fois par an, tu aurais pu venir te glisser sous les draps dans mon lit et me faire un petit câlin tout de même !

 

Sophie : (Va l’embrasser) Mais mon chéri tu sais que je t’aime comme au premier jour. Crois-tu que j’aurais réunis toute la famille et organisé la petite soirée d’hier soir au restaurant grec ?  Non.  Seulement,  tu prends toute la place dans le lit, je n’ai plus assez d’espace pour dormir, je ne sais plus ou mettre mes bras ni mes jambes, tu fais des rêves fous, tu parles en dormant, tu ronfles… Parfois, tu gesticules tant que j’attrape des coups. (Rosine arrive)

 

Jean : Oh ma chérie, dans mes rêves de fou c’est toi que je vois, c’est toi que je prends et… ça me rend fou.

 

 

 

SCENE 2…ROSINE…JEAN…SOPHIE…JOSE

 

 

 

Rosine : Bonjour papa, bonjour maman. (Embrasse ses parents) Le bal de vendredi et le resto d’hier, c’est  trop en deux jours, je suis vannée mais ça en valait la peine. On s’amuse tant au bal du 21 juillet, j’adore les bals populaires. Et le resto grec, le bouzouki, l’ambiance pour l’anniversaire de papa c’était génial ! Par contre,  je vais devoir surveiller ma ligne…

 

Sophie : les jeunes d’aujourd’hui ne sont plus aussi solides que de notre temps, nous n’étions jamais fatigués. On sortait toute la nuit et le lendemain on était au boulot… hein Jean ? Allez mange un peu ça te retapera, qui sait sortir… sais se lever !

 

Rosine : Je n’ai pas très faim ce matin, mais je vais boire un café.

 

José : (Embrasse ses parents) Salut tout le monde, hum !!! Ça sent bon le café !

 

Jean : Bien dormi fiston ?

 

José : Oui mais…j’ai encore sommeil, je serais encore bien resté au lit une heure ou deux en plus mais…  J’ai rendez-vous avec le comptable. En tout cas maman, quelle belle surprise tu as faite à papa. Merci pour la soirée grecque,  je me suis bien amusé et régalé, les brochettes de Monsieur Spiros et sa fêta, quelle délice.

 

Rosine : Et au bal, tu n’as pas raté une danse, monsieur était déchaîné.

 

Jean : C’est de son âge qu’il en profite ! En tous cas, c’était une belle surprise et pour nous parents, notre plus grande joie c’est d’avoir la famille au grand complet pour mon anniversaire.

 

José : Et toi Rosine tu t’es bien amusée avec Jacques ? En tout cas ton petit copain te tenait tellement serrée que vous êtes passés à côté de moi sans me voir.

 

Jean : Tiens, première nouvelle tu ne penses pas être un peu jeune pour te comporter de la sorte. Je te préviens, si tu as l’intention de me l’amener il ne rentrera pas ici. Pas pour le moment en tous cas. Dans trois ou 4 ans peut-être…

 

Rosine : Merci frangin, il n’allait pas se mettre un sac sur la tête parce que mon frère était là ! Et puis Jacques c’est mon problème et si tu veux tout savoir,  j’en suis amoureuse, non j’en suis bleue !

 

Sophie : Ecoute ton père, si tu es malheureuse plus tard, ne vient pas pleurer dans mes jupes, ce sera de ta faute.

 

Rosine : Pourquoi serais-je malheureuse ? Il est si gentil et prévenant.

 

Jean : Il a eu mauvaise réputation ton fils de boucher… Tu sais ce qu’on disait de lui il y a 2 ou 3 ans ?  Qu’il volait dans les magasins,  fréquentait une bande de jeunes peu recommandable, qu’il fumait…et pas que tu tabac

 

Rosine : Conneries  tout ça ! Tu le connais ? Et puis toi, dans ta jeunesse tu n’as jamais fait de bêtise ? Jacques est devenu un très bon menuisier, son patron est très content de lui. L’an prochain il aura son diplôme et son patron l’embauche avec un CDI. Alors, tes réflexions à la con… je m’en passe papa !

 

José : C’est vrai moi, je n’entends  rien dire de désagréable à son sujet. Il me semble très sympa en tout cas.

 

Jean : Ecoute Rosine dans 2 mois tu seras majeure et libre, nous on essaie juste de te protéger voilà tout ! Et si te donner des conseils, c’est être con… je suis con ! Sois prudente c’est tout ce que je te demande.

 

José : Tiens Mamy n’est pas encore debout ? Pourtant c’est souvent  elle la première levée.

 

Jean : Je la trouve un peu bizarre ces derniers jours.

 

Sophie : Moi aussi, avant d’aller la lever, je vais appeler le médecin pour qu’il vienne lui rendre visite. Si je fais cela devant-elle, elle ne voudra pas que je le fasse venir. (Elle prend son GSM) Tiens José fait le numéro du docteur Morin…regarde dans docteur…

 

José : Ça sonne… (Il passe le GSM à sa mère)

 

Sophie : Madame Morin ? Bonjour est-ce-que le docteur… C’est madame Brichard… oui… votre mari pourrait-il passer chez nous pour la grand-mère… c’est ça oui… je trouve qu’elle n’est pas comme d’habitude… oui bien sur l’âge est là que voulez-vous… oui en effet nous n’irons peut-être pas jusque-là. C’est très gentil en tout cas, et excusez-moi du dérangement, merci madame Morin.

 

Rosine : Ha ! Je l’entends remuer dans la chambre, je vais voir s’il lui faut un coup de main, j’arrive.

 

José : Elle est encore solide pour son âge Mamy, elle ne peut mal. (Rosine arrive avec Mamy)

 

 

 

 

 

SCENE 3 … SOPHIE…LEONTINE…JOSE…ROSINE…JEAN

 

 

 

Sophie : Et bien et bien, on se demandait si tu allais te lever aujourd’hui. Viens maman, regarde tes tartines sont prêtes et le café est fait. Après j’irais t’aider à prendre ta douche car le docteur va passer.

 

Mamy : Je n’ai pas très faim ce matin !

 

Sophie : Bois quand même ton café, tu sais bien que ce n’est pas bon de rester à jeun le matin.

 

José : Tu as bien dormi Mamy ?

 

Mamy : Oui mon petit José, merci. J’ai bien transpiré cette nuit, mes cheveux sont encore mouillés et à part l’appétit… je me sens très bien, en pleine forme. A propos Sophie, pourquoi as-tu demandé le médecin ? Je n’ai pas besoin de médecin moi !

 

Jean : A ton âge belle-maman il faut de temps en temps se faire ausculter, prendre la tension, regarder le cœur, faire une prise de sang. Moi, je n’arriverai jamais à ton âge. A peine cinquante ans et je commence déjà à sentir des bobos partout. Regarde hier pour les 4 danses que j’ai faite, je suis tout courbaturé aujourd’hui, je ne vaux plus une chique.

 

Rosine : C’est vrai qu’il y a bien longtemps qu’on ne t’avait plus vu danser de la sorte.

 

José : Et manger de tout comme tu l’as fait, chapeau papa.

 

Sophie : Viens donc maman, si tu ne ‘petit déjeunes’ pas, je vais aller te rafraîchir et te sécher les cheveux et les peigner un peu avant que le docteur ne soit là. Je pense qu’il te faut des vitamines, ça ne peut plus durer de la sorte, tu dors tout le temps...

 

José : Bon moi je vous quitte, je reviens pour le diner.

 

Jean : N’oublie pas qu’ici nous mangeons à l’heure.

 

José : T’inquiète je sais.

 

Jean : Ou alors se sera du réchauffé.

 

José : Je vais chez le comptable monsieur Lejeune, après je dois faire quelques courses. A tout à l’heure !

 

Sophie : Jean vient me donner un coup de main, maman est tombée endormie sur sa chaise dans la salle de bain, tu te rends compte, je vois bien qu’il y a quelque chose de pas net avec elle. Viens on va la remettre dans son fauteuil, je suis inquiète…

 

Jean : Ah bien cette fois ci, tu n’as peut-être pas tort.

 

Rosine : Je n’ai pas très faim non plus …avec tout ce que j’ai mangé hier soir, j’ai plus sommeil qu’autre chose. (Sophie et Jean soutiennent Mamy sous le bras et la mette dans le fauteuil.)

 

Jean : Tu n’as pas bien dormi cette nuit belle-maman ?

 

Mamy : Mais si, mais j’ai encore sommeil…

 

Sophie : (S’aperçois que Rosine n’a rien mangé) Tu n’as rien mangé non plus ? Attends j’ai encore deux morceaux de tartes aux fruits, je sais que cela tu apprécies. (Elle se rend à la cuisine)

 

Rosine : Oui en effet j’adore la tarte aux fruits, mais je partagerai avec Mamy tout à l’heure. Là, je me sens un peu barbouillée.

 

Sophie : (Revient toute décontenancée, avec un plateau vide.) Je me demande où est passé le reste de la tarte aux fruits ?  Quelqu’un l’aurait-il mangé ? (Tous) Non, non, ce n’est pas nous. Il y a quand même un morceau de prune par terre, en plus elle est écrasée, quelqu’un  ment ici et je suis certaine aussi qu’ils ne se sont pas envolés tout seul ! 

 

Jean : Peut-être un rat qui passait par là et qui les aura mangés ?

 

Rosine : Peut-être bien, des voisins m’ont dit qu’il y avait une recrudescence de rats dans les terrains vagues à l’arrière.

 

Jean : Il faut mettre des pièges dans la cour, je n’aime pas du tout ces bêtes-là, beurk !

 

Rosine : Tu es certain papa que ce n’est pas toi qui les as mangés ?

 

Jean : Pas du tout, si c’était moi je le dirais enfin. N’est ce pas toi Rosine qui a toujours faim et qui adore la tarte aux fruits ? Et comme par hasard… tu n’as pas faim ce matin !

 

Rosine : Mais non papa ce n’est pas moi. Si je ne mange pas c’est parce que j’ai la nausée suite à la soirée d’hier  et tous les petits verres qu’on a bu…

 

Jean : Alors c’est peut-être José, nous lui demanderons tout à l’heure, en attendant on ne sait rien.

 

Sophie : Ce n’est pas grave du tout, mais je déteste les menteurs voilà tout. Le pire c’est que Maman n’en aura pas maintenant.

 

Mamy : (elle a entendu) Quoi ? Maman n’aura pas de quoi ? De quoi parles-tu ?

 

Sophie : De la tarte, je sais que tu aimes ça mais il n’y en a plus, tu comprends cette fois ? Tu es toujours en train de t’assoupir.

 

Mamy : Ça ne fait rien, je n’ai pas faim.

 

Sophie : Même si tu avais faim, les morceaux de tartes se sont envolés, disparus, volatilisés. Il y a un fantôme glouton dans la maison…

 

Rosine : À ta place maman j’irais conduire Mamy dans sa chambre, tu vois bien qu’elle a encore sommeil, et pour la visite du médecin ce sera plus simple. (Elles sortent)

 

Jean : Ce sera mieux pour lui c’est certain. Maintenant, moi je vais faire mon petit tour pour me mettre en appétit. Rosine tu restes avec ta mère, je n’en ai pas pour longtemps. (Sort)

 

Rosine : (Frottant son ventre) J’ai l’impression de prendre du poids... (On sonne) Je vais ouvrir...Bonjour docteur, entrez !

 

 

 

SCENE 4…DOCTEUR…ROSINE…SOPHIE…JACQUES

 

 

 

Docteur : Bonjour à tous, qui est malade chez vous ?

 

Rosine : Bonjour Docteur, c’est pour Mamy, elle n’a pas l’air dans son assiette pour le moment, mais avant d’aller la voir…et puisque nous sommes seul j’aimerais vous demander quelque chose.

 

Docteur : Dites-moi ?

 

Rosine : Depuis un  moment j’ai souvent des nausées, je suis vite fatiguée et il me semble que je grossis, pourtant je fais attention, je ne mange quasi rien.

 

Docteur : Avez-vous eu vos règles le mois dernier ?

 

Rosine : Bien non, le mois d’avant non plus…c’est peut-être pour cela que je ne me sens pas bien ?

 

Docteur : A mon avis… il y a peut-être un petit clown caché dans le tiroir…

 

Rosine : Vous voulez dire que je serais enceinte ?

 

Docteur : D’après ce que vous me dites… ça y ressemble fort, venez demain à mon cabinet, je ferai une échographie pour être certain.

 

Rosine : N’en parlez pas à mes parents, je leur annoncerai la nouvelle moi-même quand on en sera certain.

 

Docteur : Secret professionnel, mais vous êtes si jeune…, on en reparlera à l’aise au cabinet.

 

Sophie : (Sort de la chambre) Ah ! Docteur vous êtes là ! Maman est dans son lit, elle a toujours  sommeil, elle s’endort à tout instant, elle semble être dans la lune. J’ai peur qu’elle devienne sénile ou qu’elle ait un début d’Alzheimer…

 

Docteur : Allons allons, je voir cela de plus prêt… (Ils vont dans la chambre)

 

Rosine : (Seule et regardant son ventre) Et bien si je m’attendais à cela, il me faut absolument faire ce test, c’est cela qui me met dans un tel état ? Comment vais-je annoncer cela à la troupe ? La troupe… ce n’est encore rien mais papa… (On sonne, elle va ouvrir et c’est Jacques qui entre) Ah ! Voilà mon chéri…bonjour.

 

Jacques : Coucou mon poussin, j’ai aperçu ton père de loin. Tu es  seule ?

 

Rosine : Non, le docteur est en train d’examiner Mamy avec maman, ils sont dans la chambre.

 

Jacques : Rien de grave j’espère ?

 

Rosine : Non, mais elle a l’air fatiguée pour le moment, c’est l’âge sans doute...

 

Jacques : Surement. Ma petite chérie, j’avais trop envie de te voir, tu me manques trop, tout le temps…  j’ai inventé un subterfuge adéquat si je devais croiser tes parents, je leur dirai ramener les lunettes de soleil que tu as oubliée chez-moi. As-tu enfin parlé à ton père, est-il d’accord que nous nous fiancions ?

 

Rosine : J’y pense de plus en plus et avec un peu de chance… Il va être obligé d’accepter, vu que…

 

Jacques : Que quoi ?

 

Rosine : Le médecin pense… que je suis enceinte ! Je vais faire  un test demain.

 

Jacques : (la prend dans ses bras, la soulève) Mais c’est merveilleux !  Je suis si heureux mon poussin… (Ils s’embrassent) Comment va-t-on l’appeler ? Arthur, Roméo, François, Maxime ou Valérie, Charlotte, Virginie ?

 

Rosine : Tout sauf Kevin… mais, doucement pas d’affolement nous verrons cela plus tard, demain j’en s’aurai d’avantage. Chut…ils reviennent, aller file maintenant.

 

Jacques : Je t’aime mon ange à plus tard, je te téléphone, bisous. (Il sort) (Le docteur et Sophie sortent de la chambre)

 

Docteur : A vrai dire, votre mère à l’air en forme,  je ne vois rien de particulier en dehors de son cœur qui est un peu plus rapide, mais à son âge c’est normal. Il faut qu’elle se repose et qu’elle passe de bonnes nuits surtout. Si ça ne va pas rappelez-moi alors nous envisagerons peut-être une petite observation de deux ou 3 jours à l’hôpital pour faire un point plus précis. Je vais lui prescrire des vitamines, veillez à ce qu’elle mange un peu plus pour reprendre des forces, pensez surtout aussi à bien l’hydrater c’est important.

 

Sophie : Si ce n’est pas grave tant mieux. Je vous dois docteur ?

 

Docteur : Comme elle est tiers payant 5 euros SVP … Voici l’ordonnance, normalement ça devrait aller, s’il y a le moindre souci, rappelez-moi. Surtout ne vous inquiétez pas, Votre maman est une dure à cuire. Au revoir madame.

 

Sophie : Je n’y manquerai pas, au revoir docteur. (Il sort)

 

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